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ENTREVISTA EN GARA
30.09.2016
Entrevista con Jon Garmendia
UN DEUXIEME PRIX DU PUBLIC POUR EXIL SUR SCENE
1 octobre 2016
Prix du Public du meilleur film documentaire au Festival de Biarritz Amérique Latine.
Le film de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo a reçu ce 1 octobre 2016 le Prix du Public du meilleur film documentaire au Festival de Biarritz Amérique Latine.
Pour tous ceux qui auraient envie de faire un cadeau qui évoque la nécessité d'une humanité plus grande à l'égard des réfugiés
Pour tous ceux qui croient que la culture est un outil fantastique de réflexion et d'action collective…
Pour tous ceux qui font un pied de nez à la haine et au chaos…
Pour tous ceux qui ont envie de rire autant que de pleurer devant la folie qui menace.
Voici un bon moyen de (vous) faire plaisir…
Achetez en passant commande à cette adresse
La pelicula de Marina Paugam y Jean-Michel Rodrigo obtuvo el 1 de octubre de 2016 el Premio del Público del mejor documental en el festival de Biarritz América Laina (Francia)
Para todos aquellos que quieran hacer un regalo que evoque la necesidad de más humanidad hacia los refugiados…
Para todos los que creen que la cultura es una herramienta fantástica de reflexión y acción colectiva…
Para todos los que quieren hacer un palmo de narices al odio y al caos…
Para todos los a quienes les da tantas ganas de reír como de llorar frente a la locura que amenaza…
Aquí tienen un buen medio de dar o darse un gusto…
Compren el DVD haciendo pedidos a la dirección siguiente

TOUTE LA CULTURE.COM
31 mai
Un article de David Rofé Sarfati
« L’INDIEN QUI MARCHE SUR LA MER », AU THÉÂTRE FESTIF, POPULAIRE ET HUMANISTE DE IVRY SUR SEINE
Oscar Castro fonde le théâtre Aleph à Santiago du Chili en 1967. La troupe propose des pièces de théâtre musicales remplies d’humour, de poésie et de dérision. L’Aleph devient une référence et un mythe dans le monde du théâtre latino-américain. Après avoir censuré leur travail, la dictature militaire arrête Castro et des membres de la troupe et les enferme deux ans en camps de concentration, puis les exile. Durant ses années prison, il écrit et joue des pièces et se compose pour devise « si les militaires nous voient tristes, ils nous auront enfermés une deuxième fois ».
C’est depuis 1977 dans son théâtre d’Ivry-Sur-Seine, où il réalise désormais ses créations et dirige sa nouvelle compagnie que l’on rencontre aujourd’hui Oscar Castro, au milieu de ses amis-comédiens, des t-shirts ou des portraits de Salvator Allende ou du Che Guevara et surtout derrière son sourire et sa joie de vivre qu’il a su préserver et sauver des pires endroits que la folie humaine ait généré. Amoureux de la vie, il perpétue avec sa troupe sa résistance joyeuse, généreuse, et trempée de tendresse à un monde qui oublie l’amour du prochain.
Qui mieux que Oscar Castro et son équipage pouvaient nous parler de l’exil, du pays perdu et de la claudication mentale de l’émigré. Dans « L’indien qui marche sur la mer » il tient le journal de bord d’une traversée et d’une installation en France de deux Maliens insouciants d’optimisme car le pessimisme ne serait qu’un luxe bien trop cher pour eux.
Dans cette odyssée théâtrale, nos croiserons des conteurs, des chanteurs, un musicien envoûtant, des donneurs de leçons, et des fonctionnaires zélés.
Le cœur du Théâtre d’Aleph bat à cet endroit là où il nous faut offrir nos armes et notre solidarité, à cet endroit aussi de l’hommage en creux à ceux qui sont morts dans la traversée.
Francois Essindi est un magnifique musicien, Adama Sacko et Mady Sacko les deux frères se révèlent être des comédiens attachants, le reste de la troupe est épatante et Oscar Castro, comédien nous saisit d’autorité en meneur d’une revue joyeuse cependant que politiquement vertueuse.

EXIL SUR SCENE
19 MAI 2016
EXIL SUR SCENE DANS IVRY MA VILLE
L'article de Alternatives économiques sur le documentaire EXIL-SUR-SCENE de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo.
Rendez-vous au cinéma Le Luxy le 19 mai à 20h

EXIL-SUR-SCENE
19 mai 2016
EXIL-SUR-SCENE DANS ALTERNATIVES ECONOMIQUES
L'article de Alternatives économiques sur le documentaire EXIL-SUR-SCENE de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo.
Rendez-vous au cinéma Le Luxy le 19 mai à 20h

GUIMBA NATIONAL AU THEATRE ALEPH
10 avril 2016
Ce dimanche 10 avril, Habib Dembele est venu faire travailler les deux jeunes acteurs maliens qui jouent dans "L'indien qui marche sur la mer"
Nouvelle création du Théâtre Aleph inspirée d’un conte indigène du même nom.
La fiction et la réalité s’enchevêtrent dans cette tragédie qui relate l’histoire vraie de deux frères qui ont traversé la mer méditerranée en zodiac, espérant trouver un endroit dans le monde où ils pourront simplement "vivre" en paix. Dans cette Odyssée théâtrale, une tempête violente laisse les deux protagonistes abandonnés à leur sort. Ils croiseront l’indien Amaru qui possède le don de marcher sur la mer et qui a pour mission d’aider ces deux frères qui ont quitté le Mali à la recherche de la terre promise.
Cette histoire me touche profondément puisque mon théâtre s’est installé il y a maintenant quarante ans en France, lorsque j’ai vécu l’exil. Le temps change et s’endurcit pour tous les hommes persécutés dans ce monde. Face à ce drame humain, nous avons décidé de rendre hommage à ceux qui sont morts dans la traversée, et d’offrir nos bras et notre solidarité à ceux qui empruntent ce nouveau chemin de l’exil que l’Aleph a si bien connu.
Oscar Castro
Texte et mise en scène: Oscar Castro Chorégraphies : Sylvie Miqueu
Régie son : Jules Archinova
Lumières : Samuel Lardillier
Musicien: François Essindi
Avec : Mady Sacko, Adama Sacko, Oscar Castro, Sylvie Miqueu, Catherine Max Martineau, Natacha Moyersoen, François Essindi, Margarita Lopez Mendez, Jenibeth Cabarcas Yepes, Pamela Londono, Mylène Clairy, Sergio Bravo, Meriele Miranda.

EXIL SUR SCENE
14 mars 2016
PRIX DU PUBLIC AUX RENCONTRES DU CINEMA LATINO AMERICAIN DE BORDEAUX
Le film de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo a reçu ce 14 mars 2016 le Prix du Public et une mention honorifique décernée par le jury dans la catégorie Meilleur documentaire indépendant des Rencontres du cinéma latino-américain de Bordeaux.
Pour tous ceux qui auraient envie de faire un cadeau qui évoque la nécessité d'une humanité plus grande à l'égard des réfugiés
Pour tous ceux qui croient que la culture est un outil fantastique de réflexion et d'action collective…
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La pelicula de Marina Paugam y Jean-Michel Rodrigo obtuvo el 14 de marzo de 2016 el Premio del Público y una mención de honor otorgado por el jurado por el Mejor Documental independiente en los Encuentros de cine latinoamericano en Burdeos (Francia)
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Un artiste a deux obligations: "Partirʺ et ʺRevenir"
Mars 2016
Un artiste a deux obligations: "Partirʺ et ʺRevenir", disait le prophète.
Ce devoir de l’âme contient un jardin secret : les "retoursʺ. Dans mon cas, ce fut toujours : revenir à la terre qui m’a renié et revenir à la terre qui m’a accueilli.
Lors de mon dernier voyage, je n’ai pas eu la même sensation : cette fois je ne retournais pas au Chili, je revenais dans ma patrie. J’y ai reçu une maison qui m’a été confiée par le Gouvernement du Chili dans la commune de la Cisterna, dans la région métropolitaine de Santiago.
C’est le Ministre du Patrimoine, en présence de l’Intendant de la Région, du Ministre de la Culture et du Maire de la Commune, qui m’a remis les clés, après la lecture d’une lettre de la Présidente Michelle Bachelet, une lettre écrite spécialement pour ce moment magique, où elle rappelait qu’elle aussi avait participé aux premières heures de cette aventure théâtrale.
Alors que nous atteignons quarante ans de présence du théâtre Aleph en France, nous avons une maison à nous au Chili : deux événements majeurs à célébrer avec empanadas, pain fait maison, soupes magiques et vin rouge… Et avec deux spectacles évocateurs :
“La nuit suspendue”
Création 1982 / Adaptation 2016
L’histoire d’un réfugié latino-américain qui retourne à sa terre natale… Et tout a changé... Le paysage, les amis ne sont plus les mêmes, et lui aussi a changé. Une fiction écrite en 1982. (Prix du meilleur texte et de la meilleure mise en scène, aux Rencontres Charles Dullin de Villejuif en 1983)
ʺLa mer et la mortʺ
Création 2016
Une œuvre créée en hommage à ces êtres humains qui traversent la mer méditerranée en pensant qu’ils pourront trouver le paradis perdu.
Une pièce inspirée de “L’Exilé Mateluna”, un classique de l’Aleph.
Un abrazo.
Oscar Castro
Directeur du Théâtre Aleph
Un artista tiene dos obligaciones: “Partir” y “Volver”, decía el profeta. En esta obligación del alma hay un territorio secreto que son los “regresos”, en mi caso siempre fue volver a la casa que me echó y volver a la casa que me recibió.
En mi último viaje no tuve la misma sensación, esta vez no regresé a Chile, “volví” a mi patria. Fui a recibir una casa que me otorgó el Gobierno de Chile en la comuna santiaguina de La Cisterna, las llaves me las entregó el Ministro de Bienes Nacionales, en presencia del Ministro de Cultura, el Intendente de Santiago y el Alcalde del Municipio. En la ocasión se leyó una carta de la presidenta Michelle Bachelet escrita especialmente para ese momento mágico, en la que recordaba que ella también había participado en este teatro al inicio de esta aventura.
Cuando se cumplen cuarenta años desde que el Teatro Aleph llegó a Francia, tenemos casa propia en Chile. Dos enormes motivos para celebrar con empanadas, pan amasado, sopas mágicas y vino tinto, sumándole a la noche dos espectáculos evocadores.
“La noche Suspendida”
Adaptación
Es la Historia de un refugiado latino americano que vuelve a su tierra y todo ha cambiado…el paisaje no es el mismo…Los amigos han cambiado y el también cambio. Es una ficción escrita en el año 1982.
ʺEl mar y La muerte"
Creación
Esta obra es un homenaje a todos esos hombres que atraviesan el mar mediterráneo pensando que pueden encontrar el paraíso perdido. Una pieza inspirada en “El Exilado Mateluna”, uno de los clásicos del Aleph.
Un abrazo.
Oscar Castro
Director del Teatro Aleph

La Segunda
20 FEVRIER 2016
Quand un homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve sa liberté
Oscar Castro, acteur, metteur en scène et dramaturge.
« Quand un homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve sa liberté ».
Par Rebeca Araya Basualto
On l’appelait El Cuervo (Le Corbeau) quand sa fine silhouette de vingt ans et sa crinière noire de jais étaient incontournables dans la bohème Santiaguine.
C’était le début des années 70 et la vie de l’étudiant en journalisme de la U.C (Université Catholique), acteur, dramaturge et directeur du théâtre Aleph, Oscar Castro (68 ans) était une fête splendide que personne ne voulait manquer. Ses idées intarissables, les pièces de théâtre qu’il écrivait dirigeait et jouait, étaient dans la conversation quotidienne du Chili en transition de la « révolution en liberté » de la DC (Démocratie Chrétienne) vers la « révolution au goût d’empanadas et de vin rouge » de Salvador Allende.
« Avec les années, dit-il, j’ai découvert que je n’ai jamais fait de théâtre. Je fais quelque chose qui ressemble, mais ce n’est pas du théâtre, car ce qui m’intéresse c’est de mettre la vie en scène. Quand j’étais prisonnier, j’ai mis la prison en scène. Lors de mon exil en France, j’ai mis mon étonnement devant Paris et la nostalgie des exilés à la vue de tous. Cela intéressait les français et aujourd’hui je parle toujours de la vie ».
Sa crinière a cessé depuis des années d’être noire de jais et l’homme curieux et doux qui nous reçoit et nous invite à un petit déjeuner bien fourni n’a rien d’une fine silhouette. Les victuailles arrivent sur cette table improvisée sous une bâche à l’air libre, apportées par de jeunes acteurs, par les maîtres qui travaillent à la réfection de la maison en briques qui se dessine dans le fond et Gabriela Olguin qui dirige la compagnie Aleph du Chili formée par Oscar Castro en 2013 et où il revient chaque année pour jouer avec ses disciples.
Entre toasts à l’avocat et arôme de thé, nous écoutons l’histoire de la maison en ruine où ils sont en train de s’installer, depuis que le ministre du patrimoine l’a appelé pour lui offrir un lieu correspondant à la description faite par Oscar Castro quand il lui a parlé du lieu dont il rêvait pour réinstaller son théâtre Aleph au Chili : « Grand pour que tout le monde rentre, dans un quartier populaire sans théâtre dans les environs, pour qu’on vienne nous voir et proche du métro pour que tous ceux qui le souhaitent puisse venir. »
L’ami d’Hamlet
En 1966, Castro, fils d’une famille d’agriculteurs Talquinos (de Talca) et élève de l’Institut National, cherchait avec ses amis, le meilleur moyen de rencontrer les filles du Lycée 1 quand lui vint l’idée de créer une troupe de théâtre et ils allèrent les chercher de la manière la plus sérieuse.
Parmi celles qui intégrèrent le groupe, se trouvait Michelle Bachelet.
« Elle était jolie, douce et elle aimait chanter. Nous devinrent de grands amis et quand il y avait des fêtes je parlais avec son père. Je lui demandais la permission et je m’engageais à respecter les horaires fixés par le Général. »
Le groupe théâtral a réussi à réunir 60 membres. Et ils montèrent « L’ami de Hamlet », pièce choisie à cause du grand nombre de personnages. Bachelet jouait une infirmière et cette pièce fut la première et dernière pièce avec les filles du Lycée 1.
L’année suivante il restait 10 membres dans le groupe et la seule femme était sa sœur, Marieta Castro. Et dans les répétitions elles manquaient beaucoup.
Qui décida quel serait le directeur ?
Je crois que c’était ma passion. J’ai inventé que j’étais l’ami d’Hector Duvauchelle, à l’époque très fameux, tout comme sa compagnie. Et qu’il était curieux de voir nos répétitions. La motivation dura jusqu’à ce que quelqu’un fatigué que mon ami ne vienne jamais, s’écria : « Allons le voir à son théâtre, tout de suite ! ». Nous n’étions pas loin, je ne voulais pas avouer mon forfait et nous partîmes à pied. A chaque croisement je me promettais : « Bon, maintenant, je vais leur dire la vérité. » Mais je n’ai jamais pu. Nous sommes arrivés alors que le spectacle venait de terminer. Hector sortit avec son frère Humberto. Je ne savais pas lequel des deux était Hector et je dis très bas : « Salut Hector ». Il me regarda, vit tous mes amis derrière moi, ma tête désespérée et ce fut un miracle : « Comment tu vas, dit-il, Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? » Et nous répétâmes toute la soirée avec lui : de la magie pure !
Le groupe se consolida autour d’Oscar comme dramaturge et de la création collective comme méthode et philosophie. Ils choisirent un nom : Aleph… Et naviguèrent sous les vents favorables de la réforme universitaire de 68. Ils transportèrent le théâtre, comme beaucoup de cette génération, dans les coins les plus reculés, ils fêtèrent le triomphe de la UP (Unité populaire) et revinrent acclamés en août 1973 du célèbre festival de théâtre de Nancy, en France. Oscar avait terminé ses études de journalisme, il était marié et avait son premier enfant.
Fini la fête.
Magnifique conteur d’histoires, il les égrène avec sa voix douce et des pauses exactes. Certaines se terminent inévitablement en éclat de rires et d’autres avec de longs silences qu’il est difficile de rompre. Comme celle-ci où il finit par devenir le « Maire » du camp de prisonniers de Punchuncavi, d’où il sortit en exil avec sa sœur Marieta, vers Paris alors qu’il avait 29 ans.
« En 74 ils fermèrent notre théâtre et nous fumes arrêtés avec ma sœur. Ma mère et mon beau-frère vinrent nous voir à Tres Alamos ils les arrêtèrent et ils sont aujourd’hui encore disparus. »
Il raconte qu’il décida alors que sa vengeance serait de vivre et d’aider les prisonniers à rire de leur disgrâce. Il créa des centaines de pièces et fonda des groupes de théâtres composés des prisonniers de Tres Alamos, Punchuncavi et Ritoque. Là, il composa son personnage le plus désopilant : le maire des prisonniers.
« J’ai trouvé un frac et un haut de forme dans une livraison de vêtements usagés. C’était mon costume, avec une écharpe présidentielle et c’est tout. Une partie de mon travail consistait à recevoir les prisonniers qui arrivaient, le plus souvent après de mauvais traitement… et de faire mes adieux à ceux qui quittaient le camp.
Comment accueilliez-vous les prisonniers ?
J’apparaissais dans une brouette conduite par deux prisonniers. Je descendais pompeusement et je leur souhaitais la bienvenue à cette nouvelle étape du championnat qui se déroulait depuis plusieurs années et qui se disputait aujourd’hui dans cette ville où la locomotion était très bonne pour arriver mais très mauvaise pour le retour. Mais j’ajoutais que le Maire était en train d’essayer de résoudre ce problème. Et je continuais avec ce qui me passait par la tête. »
Il se souvient que parfois il arrivait à les faire rire. D’autres fois cette conduite surréaliste les distrayait un instant de l’angoisse et de la douleur physique. Les militaires les laissaient faire parce que les pièces de théâtre étaient la seule distraction possible dans les camps. « Le théâtre invente des mondes, dit-il, et quand l’homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve la liberté, à l’intérieur de lui-même. »
Aleph à la Cisterna
Tes utopies, tu dois les avoir mais aussi les entretenir
Une conversation accidentelle avec le ministre Victor Osorio est à l’origine du projet qui vous fera revenir en septembre et que vous suivez depuis Paris : « Je vous ai raconté qu’en 1976, quand je suis arrivé en exil à Paris, nous avons conçu un théâtre en France où l’on peut recevoir notre public sur fond de musiques latino-américaines avec des plats chiliens et après avoir vu nos pièces de théâtre, le public peut rester danser jusqu’au bout de la nuit. Nous allons faire la même chose au Chili. »
En France L’Aleph dispose d’une académie, comme celle que Castro fait fonctionner au Chili lors de ses visites depuis 2013 en travaillant dans les quartiers populaires. Son principal postulat sur la pédagogie théâtrale : « J’exige que mes élèves aient un autre travail à côté de leur activité théâtrale. Pourquoi ? Parce que le théâtre est une utopie et que tes utopies, tu dois les avoir mais aussi les entretenir. Quand je suis arrivé en France j’étais peintre en bâtiment et j’ai écrit depuis et joué des choses que j’ai apprises à cette époque. »
Aujourd’hui à Santiago, il dispose d’un petit groupe d’élèves formés par l’Aleph qui vont prendre en charge les cours de théâtre de la Municipalité de La Cisterna. « Je reviendrai donc plus souvent. Maintenant j’ai un lieu pour travailler », conclut-il.

Una Carta de Luis Sepulveda / Une lettre de Luis Sepulveda
28 DE ENERO DE 2016
¿Quién dijo que nos mataban los sueños? / Qui a dit qu’ils tuaient nos rêves ?
Una pequeña historia o ¿quién dijo que nos mataban los sueños? Une petite histoire ou : Qui a dit qu’ils tuaient nos rêves ?
Tengo un compañero, un amigo, un hermano al que todos llaman El Cuervo. El Cuervo tiene un nombre; Óscar Castro, pero todos le llaman El Cuervo, o Cuervito los más cercanos.
A los y las que quiere, El Cuervo siempre saluda con un ¿cómo está mi perrita o cómo está mi perrito?. Y esto ha sido siempre así, desde que nos concimos como estudiantes del Instituto Nacional, en Santiago. El Cuervo estaba dos cursos más arriba que yo, pero para todos los "institutanos" era el centro de la atención por su carácter alegre y su asombrosa capacidad histriónica. Así por ejemplo, cuando cada lunes el director nos recordaba que de cada diez ex presidentes de la República de Chile, ocho eran ex alumnos de nuestro Instituto, se oía la voz del Cuervo agregando: "y no olvidemos al alcalde de Chuchunco".
Los que teníamos 14 o 15 años sabíamos que la pandilla del Cuervo tramaba algo, porque se encerraban algunas tardes en una sala junto a otros estudiantes del Liceo Lastarria y del Liceo número uno de niñas. Ahí nació un teatro. Ahí nació El Aleph, y casi nadie sabe que una de las primeras actrices fue una adolescente del Liceo 1 de niñas llamada Michelle Bachelet.
El Cuervo salió del Instituto a los 18 años. Fue de la penúltima generación que dio el bachillerato, y como bachiller en letras se matriculó en la Escuela de Periodismo de la Universidad Católica. Pero lo suyo no era el periodismo, lo suyo era El Aleph, el teatro más irreverente y subversivo, el teatro que unía la comedia del arte, el realismo brechtiano y las expresiones más genuinas del arte popular.
En 1971 eran infinitas las colas para conseguir entradas que permitieran entrar a un viejo caserón de la calle Lastarria, donde El Aleph hacía reír rabiosamente y pensar más rabiosamente todavía, con una obra del Cuervo titulada "Viva in-mundo de Fanta-CIA".
Y así llegó septiembre de 1973. El Aleph fue clausurado y El Cuervo confinado en el campo de concentración de Tres Alamos. Un día de 1974 recibió la visita de su madre María Julieta Ramírez Gallegos y de su cuñado John McLeod. Fue la última vez que los vio, pues a la salida fueron secuestrados por los militares, conducidos al terrible campo de concentración de Villa Grimaldi, torturados y hechos desaparecer.
El Cuervo salió del campo de concentración el exilio, en Francia. Con todo su dolor a cuestas no se dejó vencer y , en Ivry Sur Seine, en las afueras de Paris, volvió a abrir las puertas del Aleph, el teatro chileno más subversivo e irreverente, gracias a la solidaridad de miles de compañeras y compañeros franceses.
Una de las obras más celebradas de las que montó en el Aleph francés fue "Le Cabaret de la Dérniere Chance", una alucinante , tierna, divertida y profunda historia cuya trama ocurre en el desierto de Atacama.
Cuando fui a ver esa obra hacía años que no abrazaba al Cuervo y pedí a los organizadores que no le dijeran que me encontraba entre el público. Pero lo hicieron y, de pronto, El Cuervo, que en la obra hace de maestro de ceremonias de un cabaret, anunció: "distinguida concurrencia, entre nosotros se encuentra el muy honorable señor alcalde de Chuchunco, don Luis Sepúlveda, y le rogamos que pase a ocupar la mesa de honor del Cabaret de la Dérniere Chance, ¡Champágne para todos!". Y tuve que ser un actor más de esa inolvidable representación.
Años más tarde, en 2001, le conté que iba a hacer una película, "Nowhere",y que lo quería como actor. Su respuesta fue: " Lo que diga mi perrito". Y lo hicimos. Durante el rodaje, una tarde se acercó Harvey Keitel, que había visto filmar unas secuencias protagonizadas por El Cuervo y me dijo: " Ese tipo es enorme, es un salvaje de la escena, es grandioso". Durante ese rodaje. una noche de calma en el desierto de Cafayate lo vi muy pensativo, muy concentrado, y le pregunté en qué pensaba. "Pienso, mi perrito, que un día voy a tener nuevamente un teatro en Chile, que El Aleph volverá a Chile un día".
Y así ha sido. Ayer 27 de enero, el ministerio de Bienes Nacionales entregó a la compañía El Aleph una vieja casona de la calle Eulogio Altamirano, en la comuna de La Cisterna, al sur de Santiago, y a partir de ayer en esa casona se puede ver a El Aleph interpretando "El Cabaret de La Última Esperanza", una obra rebelde, subversiva, irreverente . Una obra del Cuervo.
¿Quién dijo que nos habían matado los sueños?
Une petite histoire ou : Qui a dit qu’ils tuaient nos rêves ?
J’ai un camarade, un ami, un frère que tout le monde appelle El Cuervo (Le Corbeau). El Cuervo a un nom : Oscar Castro, mais tous l’appellent El Cuervo, ou Cuervito pour les intimes.
Ceux ou celles qu’il aime, El Cuervo les salue toujours avec un "Comment va mi Perrita ou mi Perrito" (Chiot en français). Cela a toujours été depuis qu’on se connait, à l’époque où nous étions étudiants à l’Institut National à Santiago. El Cuervo était deux années au-dessus de moi… mais pour tous les "Institutanos" (élèves de l’Institut) il était le centre d’intérêt à cause de son caractère joyeux et de son extraordinaire talent d’histrion. Ainsi, par exemple, quand chaque lundi, le directeur nous rappelait que huit Présidents de la République du Chili sur dix étaient des anciens élèves de l’Institut, on entendait la voix du Cuervo qui ajoutait : "Sans oublier le Maire de Chuchunco". Nous qui avions 14 ou 15 ans, nous savions que la troupe du Cuervo tramait quelque chose parce qu’ils s’enfermaient dans une salle certaines après-midi entières avec des camarades du Lycée Lastarria et les filles du Lycée 1. C’était la naissance d’un théâtre. C’est là qu’est né le Théâtre Aleph et presque personne ne sait qu’une de ses premières actrices fut une adolescente du Lycée 1 des filles du nom de Michelle Bachelet.
El Cuervo sortit de l’Institut à 18 ans. C’était l’avant-dernière génération à obtenir le Baccalauréat et comme Bachelier en lettres il s’inscrivit à l’Ecole de Journalisme de l’Université Catholique. Mais sa vocation n’était pas le journalisme, c’était l’Aleph, le théâtre le plus irrévérencieux et subversif, le théâtre qui réunissait la comedia del arte, le réalisme Brechtien et les expressions les plus authentiques de l’art populaire.
En 1971, les files d’attentes n’en finissaient pas pour obtenir un billet qui permettrait d’entrer dans le vieux local de la rue Lastarria, où l’Aleph faisait éclater la rage en rires et faisait penser toujours avec fureur, avec la pièce du Cuervo appelée "Viva in-mundo de Fanta-CIA". (Vivre dans un monde de Fanta-CIA – jeux de mot avec fantaisie / Fantasia - Fanta et CIA)
Puis arrive septembre 1973. L’Aleph fut fermé et El Cuervo interné dans le camp de concentration de Tres Alamos. Un jour de 1974, il reçut la visite de sa mère, María Julieta Ramírez Gallegos, et de son beau-frère, John Mc Leod. Ce fut la dernière fois qu’il les vit puisqu’ils furent arrêtés et séquestrés par les militaires, puis conduits au terrible camp de concentration de la Villa Grimaldi, torturés et portés disparus.
El Cuervo sortit du camp de concentration directement vers l’exil, en France. Trimballant toute sa douleur sur les épaules, il ne se laissa pourtant pas vaincre et c’est à Ivry sur Seine, aux portes de Paris, qu’il rouvrit les portes de l’Aleph, le théâtre chilien le plus subversif et irrévérencieux, grâce à la solidarité de milliers de camarades français et françaises.
Une des œuvres les plus reconnues du théâtre Aleph français fut "Le Kabaret de la dernière chance", une pièce hallucinante, tendre, joyeuse, et une histoire profonde dont la trame se situe dans le désert d’Atacama.
Quand je suis venu voir cette pièce, cela faisait des années qu’on ne s’était pas embrassés avec El Cuervo. Et j’ai demandé à l’entrée qu’on ne lui dise pas que j’étais dans le public. Mais j’ai été trahi et très vite El Cuervo, qui joue le maître de cérémonie dans la pièce, annonça : "Très précieuse assistance, parmi nous se trouve l’honorable Monsieur le Maire de Chuchunco, don Luis Sepulveda, et nous le prions de bien vouloir occuper la table d’honneur du Kabaret de la dernière chance, Champagne pour tout le monde !". Et je suis devenu un acteur de plus de cette inoubliable représentation.
Des années plus tard, en 2001, je lui ai raconté que j’allais faire un film, "Nowhere", et que je voulais l’engager comme acteur. Sa réponse fut : "Ce que veut mi Perrito" et nous l’avons fait. Pendant le tournage, un soir, Harvey Keitel s’approche de moi après avoir vu le tournage d’une scène ou El Cuervo était le protagoniste, et il me dit : "Ce type est énorme, c’est une bête de scène, il est grandiose." Toujours pendant ce tournage, une nuit paisible dans le désert de Cafayate, je le vis très pensif, très concentré et je lui demandai à quoi il pensait. "Je pense, mi Perrito, qu’un jour j’aurai de nouveau un théâtre au Chili, que l’Aleph reviendra au Chili, un jour."
Et il l’a fait. Hier, le 27 janvier 2016, le Ministre du Patrimoine, a accordé à la compagnie du théâtre Aleph, une concession sur une vieille bicoque de la rue Eulogio Altamirano, dans la commune de la Cisterna, au sud de Santiago et le même jour on pouvait voir dans le jardin de cette bicoque l’Aleph interpréter "Le Kabaret de la dernière chance", une œuvre rebelle, subversive, irrévérencieuse. Une œuvre du Cuervo.
Qui a dit qu’ils avaient tué nos rêves ?
